En réalité, l’alchimie a été reléguée au rang de science ésotérique et surnaturelle, depuis seulement le XIXe siècle. Pourtant, elle a bien été plus depuis ses origines au premier siècle. Recherche savante, quête des secrets de la matière et des métaux, art de laboratoire… On y observe des dimensions à la fois théoriques et pratiques.
Dans ses principes premiers et fondamentaux, l’alchimie avait pour vocation d’améliorer la nature, entre autres, et de travailler au bien-être de l’Homme. Un objectif qui n’est finalement pas si éloigné de la science moderne. Il n’est pas étonnant, donc, à ce que la discipline ait laissé un héritage dont on profite encore aujourd’hui.
Ancêtre de la chimie
L’alchimie est considérée comme un précurseur de la chimie. Jusqu’au XVIIIe, ces deux termes se confondaient. Durant ses heures de gloire, l’alchimie avait une vocation de science, dont les standards différaient peut-être des conceptions modernes, mais restait tout de même une recherche avancée sur la matière et sa transformation.
Toutefois, étant sulfureuse, secrète et brouillonne, cultivant aussi, à souhait, un certain hermétisme elle a fini par se retrouver dans le cercle du surnaturel. D’autant qu’elle ne se repose pas sur une méthode rigoureuse à l’heure où les savants commençaient à aborder un monde matérialiste et rationnel excluant l’intervention divine.
L’alchimie devenant de plus en plus marginalisée, une partie de sa vocation première se transmettra alors à une nouvelle discipline, la chimie. Celle-ci gardera le savoir technique développé par l’alchimie au fil des siècles, mais teintée de la rigueur de la pensée scientifique moderne.
Source de découvertes
La recherche de la fabrication de la pierre philosophale et de la panacée s’est faite au prix de nombreuses expérimentations. Pierres, métaux, plantes, solvants ont été transformés, distillés, décomposés dans les laboratoires d’antan, avec beaucoup d’enthousiasme.
Ces innombrables expérimentations ont laissé dans leur sillage de belles découvertes, parfois accidentelles. On doit, par exemple, à l’alchimie, celle de l’acide nitrique et sulfurique. De même pour l’éthanol, le vitriol. Elles ont aussi permis d’obtenir des éléments encore inconnus de l’époque comme le phosphore.
Des innovations techniques ont également vu le jour sous le giron des maîtres alchimistes : sublimation, cristallisation, purification. L’alchimie a aussi permis des poussées dans la petite métallurgie et les alliages. Le bain-marie, tout bête, est aussi logé à la même enseigne.
Fascination et inspiration pour la pop culture
Aujourd’hui, l’industrie du divertissement s’inspire librement des codes de l’alchimie médiévale. Elle est particulièrement omniprésente dans la représentation du sorcier. On la trouve liée à la magie, avec ses grimoires et potions. Son décorum sert de base aux rites des personnages magiques et savants. En somme, l’alchimie nourrit l’imaginaire de la pop culture, offrant à des générations de rêveurs des univers merveilleux et immersifs. Jeux vidéos, jeux de société, films et séries s’y adonnent en partie ou en totalité.
Malgré ses anciennes percées, il va sans dire que l’alchimie, à l’heure actuelle, reste un simple sujet de curiosité. Il n’a pas la légitimité de la science moderne, avec sa méthode, sa rigueur et son humilité. Il semble qu’elle reste pourtant pratiquée de manière marginale par de petits cercles d’initiés.